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lundi 26 décembre 2016

Le Canada et l'URSS disqualifiés du championnat mondial junior



En 1987, le championnat mondial junior avait lieu en Tchécoslovaquie (dans la partie qui fait maintenant partie de la Slovaquie). Il s’agissait de la onzième édition du tournoi et l’URSS en avait remporté sept des dix premiers.

Le 4 janvier, le dernier match du tournoi se déroulait à Piešťany. L’URSS ne pouvait plus espérer une médaille, mais le Canada était toujours dans la course pour l’or du tournoi à la ronde. (Il n’y avait pas à ce moment de ronde des médailles.) Pour y arriver, il fallait triompher des Soviétiques par plus de quatre buts, mais peu importe le résultat, le bronze était assuré.

En cette période de guerre froide, on voulait s’assurer d’avoir un arbitre neutre en place. Le choix se porta sur Hans Rønning, un norvégien, qui n’avait malheureusement pas beaucoup d’expérience en hockey international. Quelques jours plus tôt, il en avait eu plein les bras avec un match Canada - États-Unis assez robuste. Les représentants canadiens avaient donc sollicité la présence d’un autre officiel, mais en vain.





Dès la mise au jeu initiale, Sergeï Shesterikov donna un coup de coude à Dave McLlwain, qui répliqua avec un double-échec. Aucun n’a été pénalisé. Le ton était donné.

Lorsque Theoren Fleury ouvrit la marque pour le Canada, il prit son élan et glissa au centre de la patinoire tout en faisant comme si son bâton était une mitraillette et qu’il faisait feu vers le banc soviétique, un geste provocateur et peu respectueux.

La première période se poursuivit au milieu de nombreux coups de bâton et se termina à l’avantage du Canada, par la marque de 3-1.

Au début de la deuxième, on rendit hommage aux quatre joueurs des Broncos de Swift Current qui avaient perdu la vie quelques jours plus tôt. Ceci calma quelque peu les esprits, mais pas pour longtemps.

Avec 6:07 à jouer en 2e, ce même Shesterikov entra en collision avec Everett Sanipass. Une bagarre en résulta. Lorsque Pavel Kostichkin cingla à deux mains Fleury, une autre bagarre éclata, qui résulta en une mêlée générale, incluant le futur Canadien Mike Keane. Après qu’Evgeny Davydov eut quitté son banc, les autres joueurs des deux camps firent de même et le tout tourna à la foire. Incapables de reprendre le contrôle de la situation, les arbitres quittèrent la patinoire. Dans une tentative désespérée de faire cesser les hostilités, on éteignit les lumières, mais sans succès. Peu habituée à ce genre de spectacle, la foule exprima son mécontentement et réclama qu’on retourne au hockey.

Selon les règles de l’IIHF, un joueur impliqué dans de tels événements est éjecté du match et suspendu du match suivant. Étant donné que pratiquement tous les joueurs y avaient participé, il ne restait plus personne. Le reste du match fut donc annulé. Se tint ensuite un vote des représentants de chacun des pays, où on vota à 7 contre 1 (le 1 est évidemment le Canada) pour disqualifier les deux équipes. Bien sûr, la Finlande, la Tchécoslovaquie et la Suède (les trois équipes qui se retrouvaient médaillées) avaient voté pour. Le Canada perdit ainsi même la médaille dont il était assuré. Les statistiques canadiennes furent aussi effacées.

Les Canadiens furent tout de même invités au gala (mais pas les Soviétiques). Lorsqu’ils refusèrent, on les incita à quitter l’aréna le plus rapidement possible. L’équipe fut ensuite escortée par l’armée tchécoslovaque jusqu’à la frontière.

Du côté canadien, seulement Jimmy Waite et Pierre Turgeon n’ont pas été suspendus. D’ailleurs, ce dernier fut critiqué pour son manque d’implication.

Au retour au pays, les joueurs canadiens blâmaient leurs adversaires et indiquaient avoir été agressés. L’entraîneur-adjoint Pat Burns mentionnait que les Soviétiques avaient changé leur style de jeu. Était-ce dans l’optique de provoquer et sortir les Canadiens? Stéphane Roy (le frère de Patrick), particulièrement amoché, se demandait si le fait que le match avait lieu dans un pays de l’est avait influencé les Soviétiques. De son côté, Don Cherry défendit sans hésiter les Canadiens, ce qui augmenta sa popularité. Quant à Alan Eagleson et au ministre des sports Otto Jelinek, ils blâmèrent l’arbitrage laxiste et incompétent. Harold Ballard, le controversé propriétaire des Leafs, fit faire des médailles aux joueurs. D’ailleurs, toute la publicité au tour de ces événements a grandement contribué à attirer l’attention et à populariser le tournoi au Canada.





Les joueurs furent initialement suspendus pour 18 mois, avant d’être diminuée à 6 mois. Cette clémence permit à plusieurs de prendre part au tournoi de l’année suivante (remporté par le Canada) et à Alexander Mogilny de participer aux Jeux de Calgary en 1988. D’ailleurs, au sein de cette équipe soviétique décrite comme agressante, on retrouvait des joueurs talentueux qui connurent de belles carrières dans la LNH. En plus de Mogilny, on retrouvait Sergeï Fedorov, Valeri Zelepukin, Vladimir Konstantinov et Vladimir Malakhov. On retrouvait aussi un certain Alexander Galchenyuk, le père d’Alex.

Hans Rønning est retourné en Norvège et n’a plus officié de matchs internationaux. L’entraîneur soviétique Vladimir Vasiliev a quant à lui été congédié.

Après ce tournoi et sa fructueuse carrière de joueur, Brendan Shanahan est plus tard devenu le préfet de discipline de la Ligue nationale.


Sources : « La bagarre coûte une médaille », Canadian Press, La Presse, 5 janvier 1987, p.S3, « Le cancer a atteint l’élite soviétique » de Réjean Tremblay, La Presse, 6 janvier 1987, p.S5, « Pas de preuves mais de lourds soupçons » d’André Turbide et « La faute aux arbitres… », Presse canadienne, La Presse, 6 janvier 1987, p.S11, wikipedia.org.

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