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lundi 9 avril 2018

Les Barons de Cleveland: 40 ans déjà









Ceux qui nous lisent régulièrement connaissent notre amour pour les Barons de Cleveland.  À eux seuls, ils représentent plusieurs thèmes récurrents du LVEUP:  uniforme magnifique, équipe éphémère, histoires obscures ou loufoques, nostalgie...

Il y a quarante ans aujourd'hui, le 9 avril 1978, ces chers Barons jouaient le dernier match de leur courte histoire.  (Une défaite de 3-2 contre les Penguins.) 

Il ne s'agit toutefois pas de la seule date significative de leur existence.

Où étiez vous le 23 novembre 1977??  Les Barons de Cleveland ont accompli ce soir-là un de leurs rares exploits.  Ce soir-là, au Richfield Coliseum, devant près de 12 859 personnes (ils n'ont joué en tout que 12 parties à domicile devant plus de 10 000 spectateurs pendant leur histoire), les Barons ont battu le Canadiens de Montréal qui allaient en perdre seulement 10 cette année-là, et qui en perdit uniquement 29 en trois saisons.  Ces mêmes Canadiens qui étaient alors en route vers la 3e coupe Stanley sur 4 de la légendaire dynastie de la fin des années 70, se sont faits plantés par l'une des pires concessions de l'histoire de la LNH... 

Les Barons de Cleveland n'ont malheureusement joué que 2 saisons dans la LNH.  Je ne les ai jamais vu jouer parce que j'étais pas né, mais j'ai une puissante obsession pour cette équipe là, qui date de ma jeunesse...  À la bibliothèque de notre école primaire, il y avait un livre sur les masques de gardiens qui datait un peu, mais daté des années 70 quand on est dans les années 80, ce n'était pas si pire.  Dans ce livre où on voyait tous les plus beaux masques des gardiens des années de l'époque figurait le masque de l'un des plus mémorables membres de l'organisation des Barons de Cleveland, Gilles Meloche.  Dès lors, il n'en fallait pas plus pour que j'aie une fixation pour cette équipe parce qu'à l'époque où l'internet n'existait pas, se renseigner sur l'histoire du hockey était un plutôt difficile parce que tout le monde sait que les livres sur le hockey ne s'intéressent pas au perdants et que la documentation sur l'histoire du hockey est difficile à trouver, surtout quand on a 10-11 ans.  Mais depuis, j'ai fait mes recherche et je portais même un t-shirt des Barons il y a quelques années lorsque j'ai visité le Temple de la renommée du hockey!  J'ai également fait un discours de la mort à propos des légendaires Barons en 2007, genre quelques jours avant le 30e anniversaire de cette défaite des Canadiens contre les Barons, alors que je suis allé donner un spectacle à Cleveland (que de souvenirs...)

Donc voici une courte histoire des Barons de Cleveland :

Les Barons de Cleveland, avant d'être la première équipe de l'Ohio de la LNH étaient les Seals de la Californie.  Apparemment, la Ligue nationale voulait avoir une équipe dans la région de l'Ohio dès les années 40.  Les deux dernières franchises à avoir disparu de la ligue, les Maroons de Montréal et les Americans de Brooklyn furent seulement suspendues et des tractations avaient été faites afin de vendre une de ces franchises en dormance depuis presque 10 ans à des investisseurs de l'Ohio.  Parce qu'il faut dire qu'à l'époque où il n'y avait que 6 équipes, le calibre de la Ligue américaine était très relevé.  À 6 équipes, on a les 6 meilleurs gardiens du monde et le 7e et le 8e, ils se retrouvaient alors dans la AHL ou la défunte WHL.

De cette ligue, les Barons de Cleveland de la Ligue américaine, qui ont existé de 1937 à 1972, sont considérés comme étant l'une des plus grandes équipes de l'histoire de la ligue, avec entre autres des joueurs comme Johnny Bower. Ils possèdent par exemple encore aujourd'hui le deuxième plus haut total de victoires de la Coupe Calder avec dix, une de moins qu'une autre équipe légendaire mais par contre toujours active dans cette ligue, les Bears de Hershey.  Le succès de cette équipe a créé des ambitions afin d'établir une équipe de plus haut calibre dans la ville de Cleveland.  Et cette occasion se présenta en 1972 avec l'apparition de la WHA, la fameuse Association mondiale de hockey, celle qui voulait rivaliser avec la LNH.

Cleveland s'est donc vu décerner une équipe dans cette nouvelle ligue, les Crusaders de Cleveland. L'apparition de cette équipe allait d'ailleurs sonner le glas de la légendaire équipe de la Ligue américaine.  Les Crusaders avaient entre autres su convaincre le célèbre gardien des Bruins Gerry Cheevers de se joindre à eux de 1972-73 à 1975-76.  L'année d'après, l'équipe fut transférée à St-Paul, où elle devint la deuxième mouture des Fighting Saints du Minnesota de la WHA lorsque la LNH vint finalement s'installer à Cleveland.

Les Barons de Cleveland tirent pour leur part leurs origines dans l'équipe des Golden Seals de la Californie.  Cette équipe était l'une des 6 équipes de l'expansion de 1967.  Au début ils étaient supposé être nommés les Seals de San Francisco.  L'aréna n'ayant pas été construite à temps, l'équipe a joué ses premiers match à Oakland, devenant ainsi les Seals d'Oakland.  Il est à noter que les Seals de San Francisco étaient une équipe de la défunte WHL, ligue professionnelle mineure analogue à la AHL, où les Canucks de Vancouver originaux évoluaient également jusqu'à leur entrée dans la LNH en 1970. 

Les Seals étaient probablement l'équipe la moins bien construite de ces premières équipes d'expansion. Bien que des joueurs de haut calibre en fin de carrière comme Harry Howell (qui deviendra plus tard le directeur général de Barons), Carol Vadnais et Bobby Baun en firent partie à un moment donné, l'équipe n'a jamais vraiment eu de succès.  Toutefois, ce fut dans ses premières années, alors que l'équipe se nommait toujours les Seals d'Oakland, qu'ils connurent leurs plus grands succès.  Succès qui prit la forme de deux participations aux séries éliminatoires.  Il faut toutefois rappeler comment les séries élimatoires étaient construite à l'époque.  Suite à l'expansion de 1967 et jusqu'à l'expansion de 1970, qui vit entrer Buffalo et Vancouver dans la ligue, la LNH était divisée en deux conférences: conférence de l'Est avec les 6 équipes dites originales et la conférence de l'Ouest avec les nouvelles équipes.  Nul besoin de rappeler la disproportion qu'engendra cette configuration de la ligue, qui est très bien illustrée dans le fait que les Blues de St-Louis perdirent 3 années de suite en 4 match en finale de la Coupe Stanley...  Les Seals ont donc su dans cette configuration faire les séries éliminatoires à deux occasions.  Ils ne les referont plus jamais après la réorganisation de la ligue avec l'expansion de 1970.

L'année 1970-71 marque un tournant étrange dans l'histoire des Seals qui allait faire de cette équipe une des formations des plus douteuses de l'histoire du hockey.  Cette année-là, Charlie O. Finley, le type qui possédait les As' d'Oakland (ouais, avez-vous une fixation pour cette équipe-là aussi? Si vous aimez les histoires d'équipes tordues, lisez sur les A's de Kansas City...) a acheté les Seals.  Ils sont alors devenus les Golden Seals de la Californie et prirent des couleurs semblables à celles des A's.  Cette fois, le style était à l'avant plan, le jeu au second.  Finley aimait tellement le style des joueurs de baseball avec leur chaussures blanche qu'il demanda à ses joueurs de hockey de peinturer leurs patins en blanc.  Je me rappelle d'avoir déjà lu à quelque part à propos de ça que les joueurs avaient à les peinturer presque à chaque jour parce que des patins blancs, ça n'existait pas et qu'à force de jouer, la peinture s'enlevait.  En bout de ligne, ils se retrouvaient avec de gros patins pesants portant des couches et des couches de peinture.  L'année d'après, les joueurs portaient des patins vert et or aux couleurs de l'équipe.  La chose à savoir en tout cas sur les Seals, c'est qu'ils n'étaient pas bon, qu'ils essayaient de faire un show du hockey et que ça ne marchait pas trop dans la région où ils étaient et qu'ils avaient de très mauvais dirigeants. Les autre équipes d'expansion (Pittsburgh, Philadelphie, St-Louis, Minnesota et Los Angeles) ont tous connu leur moment de gloire dans la LNH.

Néanmoins le pire coup des dirigeants des Seals fût d'avoir échanger contre 2-3 bâtons et une douzaine de rouleaux de tape (le choix de première ronde des Canadiens de 1970, qui devint Chris Oddleifson, et le vétéran Ernie Hicke) contre leur choix de première ronde de 1971 qui allait devenir Guy Lafleur et le défenseur François Lacombe (qui ne joua jamais à Montréal mais qui devint un pilier des Nordiques de l'AMH).  Guy aurait pu être un Seal... Mais bon, elle est connue et est toujours plaisante à rappeler.  Je ne crois pas qu'il y ait pire échange dans toute l'histoire...

Comme j'y ai fait allusion plus haut, les moment les plus forts de l'histoire des Golden Seals de la Californie furent à la fin des années 60 alors qu'ils purent se tailler une place en séries au milieu d'autres équipes en construction.  Cependant, alors que leurs équipes cousines d'expansion comme les Flyers ou d'expansions ultérieures comme les Islanders et les Sabres, devinrent des puissances de la LNH, les Seals demeurèrent au fond de la cave avec une stabilité remarquable.  Il faut dire à leur corps défendant que l'arrivée de l'AMH qui à un certain moment comptait 14 équipes et la ligue nationale 16, a vu diminuer le niveau de jeu en dispersant les talents (30 équipes, diminution de talent, ça vous dit quelque chose?)  Ça s'est très bien vu alors que les Scouts de Kansas City et les Capitals de Washington firent leur apparition dans la ligue, leur piètre performance (la saison inaugurale des Capitals étant toujours un record de médiocrité inégalé) força la LNH à annuler l'expansion de 1976 où des équipes de Denver et Seattle étaient supposées entrer dans la Ligue.  En 1974, face aux difficultés des Seals, la Ligue nationale prit elle-même les commandes de l'équipe pendant deux saisons avant d'enfin trouver un acheteur nommé Mel Swig, avec qui se joignèrent les frères George et Gordon Gund.  Tannés probablement de rester dans la cave et de perdre de l'argent avec une équipe médiocre qui joue devant des bancs vides depuis près de 9 ans, ces mêmes frères Gund, actionnaires minoritaires dans l'équipe, ont su convaincre Swig de déménager l'équipe sous d'autres cieux où elle pourrait peut-être se développer d'une meilleure façon.

La suite fut une catastrophe.

D'abord, le site de l'aréna était absurde.  Puis les performances sur la patinoire demeurèrent médiocres.  Ceci entraîna rapidement des problèmes d'assistance et dans une ligue où on vit par les ventes aux guichets, des problèmes financiers.

Les frères Gund conclurent alors une entente singulière pour acquérir un autre canard boiteux, les North Stars du Minnesota et les fusionner avec les Barons.

Les Barons continuèrent donc de vivre indirectement à travers les North Stars, mais près une embellie, Minnesota retrouva ses anciens problèmes.  Pour s'en sortir, les frères Gund utilisèrent la fusion des Barons et des North Stars comme motif pour obtenir une équipe d'expansion à l'aide d'une autre entente particulière et l'établir à nouveau dans la région de la baie de San Francisco, à San Jose cette fois. 

C'est donc un peu à cause des légendaires Barons de Cleveland que le grand Link Gaetz s'est retrouvé à San Jose dans le repêchage d'expansion de 1991.

Le hockey fit un retour à Cleveland en 1992, lorsque les Lumberjacks de l'IHL s'y sont installés.  Le club école des Penguins, du Lightning, des Blackhawks et finalement du Wild y est demeuré jusqu'à la fin des activités de la Ligue en 2001.  À ce moment, une troisième version des Barons, à nouveau dans la Ligue américain et affiliée cette fois aux Sharks, a vu le jour. 

3e version, filiale des Sharks
Lorsque San Jose a transféré sa filiale à Worcester en 2006, ce fut la fin des Barons, mais pas du hockey à Cleveland.  Elle fut remplacé par les Monsters du Lac Erié, filiale de l'Avalanche.  Depuis 2016, ce qui est maintenant le club école des Blue Jackets a été renommé les Monsters de Cleveland.

Avec la présence d'une équipe de la Ligue nationale à Columbus et la faiblesse de l'économie de Cleveland, il est peu probable de voir un jour le retour des Barons version LNH.

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